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Pour scander les hexamètres en français
jeudi 30 avril 2015
Pour scander un passage écrit en hexamètres, il convient de se laisser porter par les syllabes marquées : six syllabes marquées suivies chacune d’une ou deux syllabes non-marquées. C’est ainsi qu’on a scandé l’hexamètre, en grec, en latin, puis dans les langues modernes. Le nombre des syllabes varie ; celui des mesures ne varie pas.
La syllabe initiale du vers est toujours marquée.
Le système se fonde en français sur un accent final de groupe de syllabes, comme dans la versification syllabique où cet accent est prévu à la fin du vers et à la césure. Mais le système recourt aussi à des accents complémentaires à l’initiale ou à l’intérieur de mots de 3, 4 syllabes ou plus. Parfois des accents sont décalés à l’intérieur d’un mot ; parfois telle ou telle syllabe se trouve désaccentuée. Il y a là un petit apprentissage aédique à faire.
Il faut lire en exagérant intensivement ces marques et en essayant d’adopter un tempo régulier. Peu à peu, on peut desserrer l’étau, associer durée et hauteur à intensité. A l’interprète de faire le reste !
Si un besoin d’aide se fait sentir, on peut faire travailler le logiciel Scande&Marque, qui scande les hexamètres français. Pour utiliser ce logiciel de Gilles de Rosny, copier un extrait en hexamètres, cliquer sur le lien Scande&Marque. Et coller l’extrait dans le champ qui vous est proposé. Attention : le résultat, très fiable, n’est qu’une suggestion ; l’oreille sera la meilleure guide dans les cas ambigus, notamment en présence de monosyllabes ou de diérèses.
Trois conseils fondamentaux :
1. Bien marquer la syllabe initiale de l’hexamètre
2. Adopter un tempo lent et régulier
3. Lire à voix haute
La nature particulière de chaque syllabe placée au temps fort varie beaucoup. Respecter la langue et lui imposer un rythme sont deux opérations difficiles mais nécessaires à concilier.
Daigne m’entendre, Seigneur, que tu sois dans ton gras territoire
de Lycie, ou dans Troie : vers tout lieu, tu peux tendre l’oreille,
quand un homme est souffrant, comme moi, que la peine désole.
Car j’ai là une horrible plaie : des douleurs lancinantes
me traversent le bras, sans que le sang réussisse
à sécher, ce dont j’ai l’épaule toute pesante.
Plus moyen de tenir droite ma lance, impossible
d’aller me battre ! Il est tombé, le meilleur de nos hommes,
Sarpédon, ce fils de Zeus, que son père abandonne !
Mais au moins, Seigneur, guéris ma blessure qui saigne...
(Iliade 16. 514-23, trad. Ph. Brunet, Point Seuil)